Tant de froides bises foisonnent ;
Combien dans les combes paumés ?
Les seuls baisers qui m'empoisonnent
Sont ceux que je n'ai pas donnés.

Puisque les mots s'écriront : Aie !
De leur pluriel irradié ;
Nue et claire qu'elle s'en aille
Comme une cocotte en papier

Faite pour toi ; Du toit des combes
Je l'ai poussée : Une ... Deux fois
Je la repousse ; Tu succombes,
Tu succombes comme autrefois !

Aux fontes de mars se vêt l'herbe
Des larmes de Pierre. Harpagon,
Je revois dans l'oeil de Malherbe
L'Elsa de Louis Aragon.

La sale rumeur s'ébruite,
L'indiscret brouhaha de ma
Raison totalement détruite
Me sort de son grand panama

Comme une obole de morphine
De la seringue du dealer
Où d'une crêpe bien trop fine,
Un mardi-gras sans chandeleur.

L'euphorie âpre du délice
D'un bas-ventre comme un rocher
Sans aucune aspérité, lisse...
Où personne n'est accroché !

De saut en saut, en anicroche,
Dans la pesanteur du menhir
Sur les temps gelés je m'accroche
Aux béquilles du souvenir.

Plante, dans ma tête affétée,
Mon pusillanime escrimeur,
A la pointe du jour, l'épée
D'un malade d'Alzheimer.

Parle à ma mémoire mourante !
Parle de ce fichu méfait !
L'alibi de seize heures trente
Ne me procure aucun effet !

Un squelette d'être s'allonge...
Le parfum des jours affadis
Inexorablement me plonge
Dans les ronces du paradis.

Une nonne sans tête verse
Un cocktail blue à quatre sous
Dans un cadavre à la renverse...
Ivre d'écarlates bisous !

Des baisers du bout de l'abeille.
Pique mes lèvres, doux plombeur !
De ton chas brisé qui réveille
Son écho au fond de mon coeur !